Il fut un temps où pour me rassurer je n’avais qu’à la
prendre dans mes bras. Il est maintenant loin le temps où je la berçais en lui
chantant des ritournelles hypnotiques pour l’endormir. Du haut de sa grandeur
et de son âge et de son acharnement à ne vouloir aucune limite, aucun cadre, je
me balance entre l’euphorie de la savoir en vie et heureuse et l’inquiétude
crasse (celle qui réveille la nuit) de ne pas savoir ni où elle est, ni dans
quel état!
Avec ou sans argent, il est facile de mettre des rêves dans
un sac à dos et de partir pouce au vent… C’est ici que ma fibre maternelle la
plus vivace se réveille. S’il arrivait quelque chose à mon petit oiseau qui
sait si bien se briser les ailes!
J’attends toujours avec impatience d’entendre sa voix me raconter
combien la vie est douce et que l’air est meilleur dans ce champ de cerises,
elle me décrit à quel point je m’en fais pour rien, à quel point il est si bon
de manger des pâtes à rien quand on est libre comme le vent! Elle veut me dire
combien il est bon de prendre la vie à bras le corps et de voler aussi loin que
nos rêves! Et l’Ouest elle en rêve depuis si longtemps!
À l’âge (majeure partout dans le monde) où elle est
maintenant, je n’ai plus qu’à ronger mes ongles en silence et à prier, qu’elle
revienne en santé, heureuse et « enlignée ».
Je rêve d’un peu de magie… Et si c’était ce qu’il lui
fallait pour lui enlever cette étiquette qui lui colle au front depuis
l’adolescence? Et si cette expérience lui faisait traverser ce pont entre ce
trouble et une vie plus saine?
Je veux y croire… et
je croise les doigts!