Il y a tellement de personnes qui habitent une
relation amoureuse!
Les amoureux
qui se bécotent sur les bancs publics, au tout début ne se doutent jamais des
fantômes qui rôdent et attendent tranquillement de s’insinuer doucement, mais
certainement entre leurs lèvres soudées et subrepticement dans leurs pensées …
Les relations
amoureuses suivent un tempo et bien des gens sont amoureux des prestissimos,
fuyant à tout prix les adagios, les lentos et les largos… Et pourtant! Pour
savourer une montée en prestissimo, il faut bien souvent avoir pris le temps de
respirer dans un silence.
Comme la
durée fait mal à l’amour.
Comment
trouver l’équilibre entre la volée de papillons doux et fébriles et le repos
des guerriers qui, essoufflés doivent pourtant s’abreuver d’un peu de calme.
Il y a
tellement de personnes qui habitent une relation amoureuse!
Oui, il y a
les ex et les peurs qui y sont reliées, mais j’aperçois trop souvent le petit
garçon et la petite fille qui n’ont pas été assez aimés, assez bercés, assez couvés.
Ces petits êtres avides, qui demandent trop souvent qu’on prenne soin d’eux.
Il ya aussi
le reflet de notre image dans le miroir des yeux de l’autre.
Entre notre
reflet, notre personne, notre petit enfant blessé, notre moi amoureux qui ne
veut pas revivre les écueils des relations passées. Si on ajoute par-dessus,
les enfants, l’autre parent de nos enfants, nos désirs, nos besoins et nos
caprices. Et il faut multiplier par toutes les personnes qui cohabitent avec
celle ou celui qui nous tient la main…
Ouf.
…
Je suis un
peu triste de constater ce matin que ce que je croyais si exceptionnel n’est en
fait que banal. Un amour vrai, sincère, mais soumis aux aléas des histoires
passées et qui font encore mal dans des blessures mal cicatrisées. Nos peurs de
ne pas répéter les choses du passé se reflètent dans nos réactions et notre
dictionnaire commun n’est pas aussi élaboré que nous le pensions. De discussion
en discussion, là où des ponts devraient se bâtir, je sens le sol se dérober
sous mes pieds. L’impression de ne pas être assez. Ou d’être trop. Le sentiment
de ne pas savoir lequel est le pire. Être trop ou pas assez?
…
J’ai besoin d’adente,
d’adagio, de douceurs et de bancs publics pour me perdre dans ses bras en l’embrassant
amoureusement. J’ai besoin de lire calmement mes pieds sur ses mollets, doucement déposés.
Comment
trouver le rythme qui convient à l’amour qui dure? Comment trouver cet espace
où la passion côtoie le quotidien. Où trouver cette zone calme remplie de
passion tranquille. Comment faire de la place au silence, aux chuchotements,
pour trouver des bulles de cris passionnés et de rires fusionnés?
…
Je n’ai pas
peur de l’amour que j’éprouve, je me sens solide dans mes sentiments, ma main
est à sa place dans la sienne. Et la sienne dans la mienne. J’ai juste la
crainte que ce ne soit pas assez. Ou que ce soit trop.
…
Vous le
devinez sans doute.
Nous sommes
arrivés à notre période post-début amoureux… On ne manœuvre pas toujours en
douceur, la courbe serrée vers une relation stable à long terme. Notre reflet
dans le miroir des yeux de l’autre est moins grisant. C’est une phase qu’il
faut savoir traverser. La terre peut bien trembler sous nos pieds. Tant que nos
mains se touchent et que des bancs publics existent sur notre route…