20 novembre 2012

Sans voix


TRANCHE DE VIE…
Ces temps-ci, j’apitchoum, je baille et dors mal!
Ma grand-mère ne retournera pas vivre chez elle. Ça y est. C’est décidé… Je vais prendre soin de ses plantes, mais pour très longtemps!
Elle est encore à l’hôpital et depuis la mi-septembre où elle a fermé la porte derrière elle pour aller voir le médecin, elle ne l’a pas rouverte.
Elle sort demain pour aller chez mes parents, qui vont finalement la prendre avec eux. Autant que faire se peut.
Il va falloir faire des boîtes, casser maison et faire le tri dans ses choses. Le faire avec ou sans elle. On va se dire qu’elle est encore en vie, mais j’ai l’impression que c’est un peu la mort qui nous accompagnera. Ce n’est pas comme si elle avait choisi de partir de là, pas comme si elle avait le choix de sa nouvelle demeure. Ce ne sera pas un déménagement qui sera gai et léger.
En même temps, chacun de nous peut dans la seconde succomber à un quelconque mal ou malaise, c’est notre lot à tous, mais on ne vit pas en y pensant constamment. Mais quand je pense à elle, c’est ce à quoi je pense. À la fin si proche et pas douce du tout. Je voudrais calmer cette colère et ces frustrations de fin de vie et par maladresse et par manque de proximité, je n’y arrive pas.
Nous avons encore des choses à nous dire, des choses à partager tous ensemble. Elle est en quelque sorte pour moi, l’emblème de quelque chose, d’une époque qui n’est plus, elle a ce savoir précieux des choses et de la vie que l’on n’apprend pas en philosophie ni même dans les classes de mathématique. J’espère en avoir attrapé quelques bribes au passage! Nous nous entendions si peu bien avant. Maintenant? Ça va mieux, on trouve des terrains d’entente et des vases de communication. On est capable de nous relier les points communs.
Je suis plus vieille moi aussi et j’arrive à comprendre le chemin qu’elle a parcouru et pourquoi elle semble si sèche, si dure, tellement non négociable! Sa droiture et ses façons de faire l’ont aidé à se tenir debout. Bien plus que n’importe laquelle des canes existantes sur la terre. Je l’admire beaucoup pour cette vigueur, cette ténacité et ses capacités à faire face. Toujours!
Et son rire!
Et sa sauce à spaghettis.
Et son ragoût de pattes de cochon.
Et ses soupes…
Et son amour des enfants!
Voilà.
Elle est vivante et je vais faire de mon mieux pour aider à ce que cette période de la vie qui ressemble à l’hiver, se passe le plus doucement et calmement possible.

3 commentaires:

Fleur d'âme a dit…

Tes mots me touchent beaucoup... mon grand-papa est entré en résidence cette semaine, pour y terminer ses jours.

Il oublie de plus en plus son passé (et son présent), son corps vieilli beaucoup...

Moi, je suis là... sans voix.

Anonyme a dit…

Bon courage Julie. Montre lui cette hymne de tendresse et d'amour, je suis certaine qu'elle appréciera.
Bisous
Isabelle

Élise a dit…

"Casser maison", je sais bien que c'est la bonne expression, mais chaque fois que je l'entends, je me dis que tout plein de choses se brisent à ce moment-là. L'an dernier, ma mère a dû faire cela avec ses soeurs. Malgré les émotions suscitées par cette tâche, j'avais remarqué qu'elles avaient vécu de beaux moments faits d'émotions, de souvenirs et de beaucoup de rires aussi. Ce n'était pas que négatif et triste. Oui, aussi, mais pas que ça.