06 novembre 2014

Des mots pour le dire

Image du film d'animation "peur du noir"

Une femme sur trois. Regardez autour de vous, dans votre cercle d'amies, dans votre lieu de travail aussi. Au niveau statistique une femme sur trois a été ou sera victime d'agression sexuelle allant du harcèlement au viol avec toutes les nuances qui se trouvent à l'intérieur de ce spectre terrifiant! 
Une femme sur trois.
Toutes les fois que je dis ces chiffres dans mon entourage on me dit que j'exagère et pourtant quand on poursuit la discussion, les langues se délient...
La plupart des hommes avouent avoir eu une amoureuse ayant été victime, une mère parfois...
Chez les filles, les langues ne se délient que très rarement.
On ne dit pas ces choses-là, même entre nous... Ou encore, c'est dit à demi-mot, on ne creuse pas la question.
Pourquoi?
Probablement parce que personne n'a envie d'être une victime.
Parce que forcément le regard change face à une victime.
Que ça peut parfois être lourd à porter, en plus de porter en soi les souvenirs, les stigmates émotifs et les conséquences psychologiques de tels actes.
...
Combien de fois ais-je parlé avec mes amies de la peur que nous avons eue avec un ancien amoureux, une connaissance ou en groupe?
De vraies peurs, des situations où on s'est senties en danger...
Ça aussi on le porte en soi.
Je ne connais pas beaucoup d'hommes qui ont cette peur au ventre lorsqu'ils marchent dans une rue sombre le soir... ou passent à côté d'une ruelle ou se retrouvent seuls dans une rame de métro et qu'entre un autre homme.
...
Une femme sur trois.
Je regarde autour de moi, calcule le nombre de femmes qui m'entourent tant dans ma vie personnelle que professionnelle.
Ça fait quelque 17 femmes victimes d'agressions sexuelles.
Là-dessus, je suis certaine d'une.
Et quand j'entends partout des phrases telles que : "Plus jamais le silence", je me demande comment prendre et rendre la parole dans cette montagne de silence autour de moi.
On parle souvent de tout...
Et pourtant jamais de ça.
...
J'ai bien peur que tout ce battage médiatique ne fasse pas que du bien.
Que ça fasse remonter la peur, l'angoisse et la honte.
Que les femmes qui ont décidé de ne pas parler se sentent coupables (encore!)...
J'espère tout de même qu'avec les réseaux sociaux, qu'une petite fille qui a un père, un frère, un oncle, un voisin, un grand-père ou autre qui aime se faire du bien sur sa peau, son dos, son âme, sache hors de tous doutes que ce qu'elles vivent n'est pas normal. Je le sais qu'elles s'en doutent... Mais je sais aussi combien la peur est plus forte que le doute.
...
Alors, voilà...
Une femme sur trois.
Quel chiffre aberrant!
Apeurant!

 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je réfléchis beaucoup actuellement à comment on fait des torsions mentales pour ne pas s'inclure dans cette statistique. Je discutais de ce déferlememt de dévoilement avec mon fils de 12 ans ce midi et il m'a rappelé que ça m'était déjà arrivé... Une fois, sur la rue, quelqu'un qui m'a sauté dessus pour me toucher un sein. Il a raison, ça compte. Mais il ne sait pas les fois où la main sur la gorge dans un pseudo-jeu j'ai cédé alors que je ne voulais pas. Plus facile. Il ne sait pas encore à quel point la ligne est mince entre le consentement et la résignation. Il ne sait pas à quel point on aime mieux se dire qu'on s'est laissé faire. Que c'était pas pareil.

LaBelle

Unknown a dit…

Combien de fois on calcule combien de temps prend un coït versus s'en aller et prendre le risque que ça tourne mal?
On ici, n'exclue en rien la personne qui parle.
...
Moi je n'ai jamais eu le courage, même en thérapie, pour sortir en sons les images, les sons, les odeurs, les impressions, les fuites qui sont imprégnés tout au fond de moi.
...
Alors je mesure d'autant plus les femmes qui le font à la face du monde, du monde bien plus grand que le mien.
Merci la belle...
xx

Éphémère a dit…

Et il y a celles qui parlent, mais ne sont pas prisent au sérieux.

Ce n'était rien, que pour rire. Le mec populaire, la fille moche.

Un classique, pas la fin du monde, pas de quoi en faire tout un plat, serrez-vous dans les bras et aller donc au bal des finissants ensemble.

Comme le dit LaBelle, on aime peut-être mieux être "consentante" que victime.