29 février 2012

Dans son angle mort

Mort et vie Klimt

Il y a 23 ans au mois de février, une amie a pris une corde, l’a enroulé autour de quelque chose au plafond du garage de la maison familiale. Elle est montée sur une chaise ou autre et a décidé de s’y pendre. Elle est morte. L’image de ses jambes qui flottent dans le vide m’a toujours hantée par la suite.  Je me suis toujours demandé comment son petit frère qui l’a trouvé dans cet état s’en sort depuis. Si moi, sans l’avoir vu, cette image colle, je n’ose croire à quel point elle peut être ancrée en lui.
C’est la première année depuis 23 ans que je n’y pense pas le jour même. La première fois depuis tout ce temps! C’est fou! Ça m’est revenu hier en regardant la lune et les étoiles dans le ciel froid d’hiver.  Je me suis couchée en me sentant coupable de perdre le fil des choses importantes à me remémorer. Je vieillis. Mon amie Isabelle qui s’est enlevé la vie le 13 février 1989. Le lendemain à l’école c’était la fête. Tout le monde devait arriver habillé en hippie. Moi je suis arrivée en larmes. J’aurais voulu la fin des festivités. Mon amie était morte. Notre amie. On s’en allait au CÉGEP l’année d’après. Le calvaire de l’adolescence s’en allait tranquillement. On était tout juste sur le bord de décider nos destinées. Je ne pouvais comprendre qu’elle avait justement décidé de la sienne.
Je ne suis pas allé au salon funéraire. Je ne suis pas allé la voir au cimetière. Je suis allé à l’église. Que j’ai quitté fâchée. Je pense que ma relation avec Dieu s’est brouillée à cet instant. Comment pouvait-on demander de chanter, de prier et surtout de donner à la quête un jour si triste? Comment se faisait-on que, le rituel ne soit pas plus doux, plus centré sur les souvenirs et sur la suite? Je suis partie dans l’allée centrale. J’ai claqué la porte. Je n’ai pu attendre la fin de la cérémonie. J’avais l’intensité de mes 17 ans. Je pense que je les ai encore.
Il m’en a fallu des années pour accepter le suicide de mon amie. Il m’a fallu du temps pour comprendre que ce n’est pas parce qu’on rit tous les jours qu’on est heureux. Il m’a fallu du temps et de l’expérience pour comprendre que parfois la vie est si dure, si rude qu’on pense qu’on ne s’en sortira jamais! Encore plus à l’adolescence, je pense qu’on ne sait pas qu’on y arrive. On n’a pas assez de vécu. Je m’en suis voulu longtemps de ne pas avoir su décoder l’urgence de ses appels à l’aide. Dans mon angle de vue, elle avait tout pour elle. Son angle à elle, c’était un angle mort.
À ce jour, je n’ai toujours pas compris son choix, mais je ne m’en veux plus. Je n’arrive juste pas à comprendre comment on peut arriver à se détester ou à détester la vie autant. Comment on peut arriver à ne plus sentir l’instinct de survie qui nous habite.
Je suis désolée par ce texte si personnel et triste.
Il fallait que je partage avec les quelques miettes de personnes qui visitent ce blogue.
Paul Klee
La vie est belle, parfois lourde, parfois longue. Mais belle tout de même.
Mais je réalise et c’est au fond ma réflexion d’hier soir, devant ce ciel si beau… Que je fais partie de ces gens privilégiés qui ont une raison de retourner à la maison le soir, qui ont quelqu’un qui les aime près d’eux. Je suis chanceuse. Je ne suis pas seule. Mes enfants, mon amoureux, des amis fidèles et une soif de vivre. Une soif qui persiste et qui est présente même dans les bouts difficiles.
Je vous en souhaite tout autant.

28 février 2012

La nuit blanche...

J'ai l'impression qu'il ne manque que Barbarella
Elle est tout sauf blanche.
Bah.
Ok.
Un peu par terre, oui!
C'est une fête d'hiver après tout!

 Mais en ville, la neige... blanche?
....


Musique électronique.
Arts sous toutes sortes de formes.
Des gens.
Beaucoup.
Et partout dans la ville.
J'adore!
La ville toute vêtue de bleu et rose. j'adore!
Cette année on l'a joué souterraine.
L'an passé on l'a joué muséale...
Souvent je l'ai joué Place des arts...
Ce n'est jamais banal.
...
Allez.
je laisse les images parler à ma place!

Cette structure photogénique m'a encore fait peur...
coucou!

25 février 2012

Giboulée

Le printemps trop hâtif s'est fait mettre à sa place par l'hiver qui avait perdu son identité depuis quelques temps.
Une grosse neige lourde a embelli la ville.
J'aime ces giboulées, du plus profond de mon âme.
Ça rend tous les contours doux et le paysage de notre fenêtre bucolique.
Il ne fait ni froid, ni chaud et marcher dehors est une plaisir réel. Voir les enfants faire des bonhommes de neige pendant que les parents s'amusent de la pelle. Regarder les ados, se demander comment arriver les pieds au sec dans toute cette neige!
J'aime l'hiver, quand il est beau comme hier. J'aime l'hiver quand je sais le printemps tout à côté, comme une promesse.
J'aime l'hiver aussi, quand je lis doucement près de la fenêtre, sous une doudou bien chaude, un café pas très loin de ma main.
Ces temps-ci, je lis trois livres en même temps. Au gré de mes envies ou de l'énergie qui reste.
J'aime me promener entre ces univers complètement opposés.
Entre une famille de femmes fortes et un peu magiques de la maison aux esprits, entre Hitler qui entre ou pas aux beaux arts dans la part de l'autre et une histoire de femmes fragiles sous leurs dehors bagareurs dans les écureuils sont tristes à central park le lundi.... J'ai un choix de textures émotives pour tous le moments creux de la journée!
Surtout que mon appareil photo est mort. Il y a bien celui de mon amoureux... Mais ce n'est pas pareil. Je suis en deuil, en manque... Quelque part, je pense que c'est bien. Il faut sortir de sa zone de confort pour découvrir de nouvelles choses de soi.
...

22 février 2012

Colère

« La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise. » (Sénèque)

« La colère est une courte folie. »
(Horace)



Elle gronde parfois comme le tonnerre au loin.
Elle peut être fulgurante comme l’éclair ou encore latente comme un gros nimbus rempli d’orages à venir.
Elle peut nous enliser ou encore agir comme un moteur et nous propulser.
La colère.
Je m’y attarde de plus en plus et j’essaie de découvrir les racines de la colère. Celle qui m’habite, mais aussi celle qui se présente chez les gens que j’aime.
On dit qu’elle attache comme chaînes aux pieds aux situations ou encore aux personnes qui nous ont fait mal. On dit aussi qu’une colère mal exprimée peut nuire aux gens qui la portent. Bien plus en fait qu’à ceux vers qui elle est dirigée. (Je parle ici bien sûr, de la colère qui ne bat et ne tue personne… Ce genre de colère me rend si perplexe que j’arrive encore moins bien à savoir d’où elle sort, où elle naît et pourquoi et surtout comment elle arrive à maturité assez… Pour être aussi excessive!)
La colère c’est laid. Dans la vie en société, elle est très mal reçue.
La colère rouge, le regard noir, être « bleu marin »!
Toutes des couleurs franches, sans nuances.
La colère en manque souvent beaucoup!
Et pourtant!
Je pense que l’on devrait « s’encolérer » plus souvent. Faire fi des conventions et briser certains tabous, se mettre en colère pour que la bêtise cesse d’exister!
Comment faire?
Je pose la question… 

17 février 2012

petite pub...

Avec mon amoureux, j'écris un blogue moins personnel et plus « littéraire ».
Nous avons en commun certaines passions, dont celles des mots et des images.
Photographes amateurs, nous nous amusons à prendre un thème de photo et d'en écrire une histoire.
Je vous invite à y voyager.
Nous ne sommes pas tellement constants, mais nous y travaillons!
Pour y aller... c'est par là...
Nous sommes les réflecteurs!

16 février 2012

air doux de février

Tous les mois de février, c’est la même chose!
Je sens la fébrilité printanière m’envahir!
Et pourtant!
Il est encore loin le temps de la sève qui coule des érables.
Encore loin le remisage des manteaux, tuques, mitaines et bottes!
Mais…
La luminosité, le chant des oiseaux plus présent, la douceur de l’air…
Je rêve à des matins doux et au café pris sur la terrasse le matin!

14 février 2012

La St-Valentin c'est aussi des chansons d'amour....

Celle-ci est l'une de mes préférées...
Et votre chanson qui parle d'amour... celle qui vous parle le plus, qui vous fait craquer à tous les coups?
C'est laquelle?

13 février 2012

Sortir de notre île...

Chagall

Voilà. La nuit est terminée. Le jour n’est pas levé encore. Ton corps amoureux qui s’étire, qui agit comme un aimant avec le mien.
J’essaie d’étirer le temps aussi bien que mon corps rompu de sommeil, avant que cette semaine ne commence vraiment. Étirer la fin de semaine, qui encore une fois, a été bien trop courte.

La motivation est une étrangère dans ma vie professionnelle ces temps-ci. Les petits matins gris, comme ceux ensoleillés, sont pénibles. La levée du corps ardue!
C’est avec très peu de conviction que mon gros orteil sort le bout de l’ongle vers le plancher froid.
C’est que cet amas de tissus qui agit comme le soleil du sud est si doux, si invitant tout à côté de la dureté du bois en bas, par terre.
Cette chaleur qui nous enveloppe dans ce cocon doux, là où on se retrouve juste nous deux. Là où s’entremêlent les éclats de rire, les propos sérieux, comme les chatouilles et les baisers. Notre île.

(le rêve, Chagall)
Ce matin, comme tous les autres depuis que je dors ou ne dors pas avec toi, je dois trouver le pont, qui me mène vers l’extérieur de nous deux, retrouver mon unicité, mon fils, mes amis, mon travail… Pour mieux revenir le soir venu, à cette chaleur qui nous rassemble. À nos draps emmêlés et à nos fous rires pour rien. À toutes ces choses secrètes ou non, qui font de nous… Ce que nous sommes.

07 février 2012

Résilience

*Résilience*
Ça sonne comme résille.
Bas résille.
Vous savez, les bas remplis de trous.
On les dit élégants, coquins, charmants.
Une personne résiliente c’est ça aussi?
Une personne pleine de trous, qui brode autour de ces vides et en fait quelque chose de beau?
Une personne qui se bâtit tout autour d’une armature artificielle, empruntée afin de grandir?
Je pose la question…

03 février 2012

Soupirs!

Nous avons passé la semaine à discuter de la mort. 
La mort donné par des parents, au nom de l'honneur. 
La mort souhaité de certaines personnes qui hantent les prisons. 
La petite mort du harcèlement psychologique vécu à l'école. 
Les mots et les gestes qui ne nous quittent pas, avec le temps. 
Qui s'imprègnent dans notre âme, notre ADN presque.
Quand les adolescents si sensibles, autant que les parents manifestement, philosophent sur la vie, la mort, sur ce qu'est l'honneur, la liberté de vivre sa vie. Les discussions sur où elle s'arrête justement la liberté. Ça fait du bien à mon coeur de parent.
Sentir déjà chez la plus jeune, cette curiosité morbide du comment la mort a été donnée, son intérêt pour les détails « croustillants ». Ça m'effraie, je dois l'avouer, mais en même temps il y a une envie, un désir si grand de comprendre. Que je me dis que ça ne peut faire de mal que de décortiquer, ce qui est pour moi inimaginable!
Chez la belle rousse, cet intérêt de comprendre pourquoi quelqu'un choisi de tuer une autre. La réelle envie de saisir là où existe la fracture entre y penser et passer à l'acte. Si elle persiste dans cette voie, elle pourra faire une bonne chercheuse en psychologie, en criminologie. Cette fracture qui m'a souvent fait peur. Comme je me suis posée la question souvent... "qu'est-ce qui pousse un parent à agir... Quel est le boulon qui est mal vissé?".
Je suis tellement sensible et fragile face aux violences faites autour de moi.
J'ai une façon bien à moi de ne pas vouloir tout regarder, de ne pas entrer en profondeur dans le sujet. 
Je travaille fort mon déni.
Il y a parfois des horreurs qui me font l'effet d'un feu trop puissant. Je ne peux m'y approcher de trop près. Je m'y brûlerais...
...
je suis par contre très heureuse de sentir que l'espace à la discussion existe chez nous.
Fière de sentir l'ouverture de tous pour le faire.
Bien consciente par contre que nous ne réglerons pas le sort du monde, quoique...l'éducation est parfois garante de l'avenir... Et réfléchir, discuter en fait partie justement de l'éducation.
...