17 mai 2012

Montée de lait

Moi qui suis la mère de ces enfants que l'on dit rois.
Combien de fois depuis des mois j'entends, devant les demandes des étudiants, que ce ne sont que des enfants rois, qui ont eu tout cuit dans le bec et qui croient que s'ils tapent du pied plus fort, ils finiront bien par avoir ce qu'il demandent?
Image prise sur le Huffington Post (pas de nom de photographe)
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je suis une "carrée rouge". Je suis pour les revendications étudiantes. Je repense à tous ceux et celles qui se sont battus pour la social-démocratie, bien avant que je naisse. Je repense à tous les Michel Chartrand, et avant lui aux signataires du refus global. Je pense à mes oncles et tantes, si nombreux dans la famille qu'il a fallu qu'ils décident ensemble qui étudierait et qui ne le ferait pas. Je pense à toutes ces femmes et ces hommes sacrifiés parque l'éducation était l'apanage d'une autre classe sociale. 
Je ne suis plus capable d'entendre sur les radios et de lire dans les journaux que l'université d'ici coûte bien moins cher qu'ailleurs! C'est ici qu'on paie le plus de taxes, c'est ici qu'on a fait le choix d'en payer plus et d'avoir des impôts élevés. Pour pouvoir se payer des services publics, pour s'offrir l'accessibilité. Pour que l'éducation et la santé soient la base pour tous!
Et petit à petit, à force de mal gérer les finances publiques, on rogne sur les acquis. On fait payer de plus en plus pour ces services... Mais on ne diminue pas pour autant les impôts, les taxes sur les biens et services... 
Les jeunes dans la rue, ne le font pour la plupart que pour le principe. Car entre vous et moi,  le coût actuel est gérable. C'est le coût futur, c'est la porte ouverte qui ne le sera plus. Ce sera pour mes petits enfants que l'éducation sera un privilège et non un droit.
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Ce qui m'enrage le plus, c'est de voir cette génération de jeunes dans la rue.
C'est de les avoir vus si longtemps disciplinés, organisés, drôles, inventifs... On leur avait dit de ne pas user de violence, ils nous ont écoutés, ils ont fait des plans, des calculs et ont eu de bonnes idées pour équilibrer les finances, afin de ne pas toucher aux frais scolaires.
Ils ont eu droit à une fin de non recevoir.
Ils ont devant eux, des gens qui gouvernent à coup d'enveloppes brunes, de facilitations à des amis du partis, à des scandales énormes de corruptions de toutes sortes... Et qui les justifient.
Ils sont dans la rue et demandent au gouvernement de revoir eux-même leur gestion, de repenser les finances. De choisir les priorités... comme l'éducation!!!
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Le pire?
Le pire c'est qu'ils sont seuls dans la rue. 
Là où il devrait y avoir une révolution. Il n'y a rien.
Les gens lisent les gros titres, bougonnent contre les retards de circulation et lèvent les yeux dans les airs.
Ils se disent peut-être qu'ils n'y peuvent rien.
Et pourtant.
Qui vote?
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Mais oui, j'oubliais... On ne vote plus beaucoup non plus!!!! (moyenne 44% dans les élections partielles dans les 4 dernières années...)
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Voilà pour ma montée de lait...
Et d'ailleurs...
Pourquoi on appelle les coups de gueule des montées de lait????




3 commentaires:

Marico Renaud a dit…

Chère Laluna,
Eh bien, ton coup de gueule, je le fais mien. C'est magnifiquement décrit et écrit, et la très exacte vérité. Après le coup d'assommoir d'hier soir, tout le monde se relève pour une course de fond. Prends soin de toi. Il nous faudra être en grande forme. Bisous.

L'impulsive montréalaise a dit…

J'approuve. Complètement.

Unknown a dit…

Eh bien ce matin mes amies...
Je suis encore plus en colère.
Je me sens démunie et si petite!