13 juin 2012

Autocratie tribale


Être parent est une chose bien complexe. Il faut savoir nager dans les eaux troubles des émotions et avoir la congruité à fleur de peau. Il faut marcher sur la pointe des pieds en équilibre sur un fil de fer au dessus des besoins spécifiques de chacun tout en tenant la barre des motivations bien droite, afin de ne pas tomber dans les excès de colères ou de laxismes!
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Garder le cap avec humour, amour et bienveillance…
Je commence à manquer de jus pour tout ça! Bien sûr, il est temps que les vacances arrivent et que l’école se termine! Ce qui règlera une grande partie des frustrations de tout un chacun. Mais l’arrivée des bulletins de fin d’année risque de faire mal et d’ouvrir la porte à des discussions et mises au point qui seront difficiles!
Nos jeunes sont des personnes intéressantes, drôles et il est très agréable de passer du temps en leur compagnie. Mais à l’heure où ils commencent à vouloir s’engager dans des luttes politiques ou dans la société, à l’heure où ils semblent avoir des opinions tranchées et qui savent les exprimer clairement, ils semblent vouloir se désengager de leur propre vie, de se retrancher de ce qui est et sera important pour eux, tout le long de leur parcours. Faire les choses à temps, s’impliquer dans la maison, dans leurs études, faire les choses pour notre tribu, qui est notre microsociété bien à nous… ça… C’est bien moins glamour, moins enlevant, moins tentant! Et je les comprends, leurs ailes commencent à pousser et à avoir envie de voler. En même temps, il faut bien apprendre à s’en servir n’est-ce pas?
Toujours est-il, que nous sommes en grève parentale en ce moment à la maison. Nous avons décidé d’être conséquents nous-mêmes et de faire en sorte d’être heureux. Nous poussons le concept sociétal en vigueur ici et maintenant au Québec, à notre tribu. Nous boycottons la fabrication des repas, nous allons mettre en place une table de discussions et nous mettrons clairement les lois en vigueur dans la maison. Pas de lois « matraque », mais de la cohérence poussée à l’extrême. Nous savons que les extrêmes sont difficiles à vivre, d’un côté comme de l’autre. Nous avons décidé de ne plus gaspiller notre salive et prenons l’engagement de rester calmes, quoiqu’il arrive. Car lorsque nous tempêtons, ils courbent le dos, font oui de la tête et disent à quel point ils comprennent. Pour s’en retourner vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était. Ils savent éviter les récifs de la colère parentale. Ce sont des navigateurs hors pair, même si des icebergs trainent dans le coin!
Terminées donc, les discussions à ne plus finir sur l’implication dans la demeure, les études et les attitudes dérangeantes.
Nous sommes malheureux de toutes ces discussions vaines, sur l’implication scolaire ou domestique, nous ne voulons plus comme invité celui que nous nommons affectueusement Personne. (Vous savez cet être qui vide le lait sans changer le sac, prend le dernier mouchoir sans aller chercher une nouvelle boîte pour remplacer l’ancienne. Celui aussi qui termine toute la crème glacée en laissant le contenant dans le congélateur… Vous ne voyez pas qui s’est? Posez la question à des ados, telle que : « qui a terminé le rouleau de papier de toilette et qui n’a pas dit qu’il n’en restait plus?? » Et là fusent de partout : « pas moi », « pas moi », « pas moi non plus »… Alors… ça doit être Personne. N’est-ce pas?)
Nous ne voulons plus nous quereller pour des questions domestiques et d’éducation. Mêler deux familles ensemble est un défi gigantesque. Notre tribu n’y fait pas exception. Mais nous voulons préserver le plaisir d’être ensemble. Plaisir qui avait tendance à disparaître sous les tensions depuis quelques semaines. Entre le bougonnage, le bourrassage et les phrases répétées ad nauseam, l’envie de se retrouver tous ensemble est devenue bien basse!
Nous allons recommencer depuis le début. Des choses très simples, comme ramasser notre serviette quand on a terminé nos ablutions, à fermer ses lumières derrière soi (on est écolos, non?). Comme terminer ses devoirs avant de s’affaler devant Facebook ou un film… Et toutes ces petites choses qui font qu’on se rend quelque part avec fierté, parce qu’on y a mis du cœur et qu’on s’est impliqué.
J’ai l’impression que c’est un réel défi qui nous attend. Car nous devrons être constants. Pour être honnête, ce n’est certes pas notre première qualité. Ne dit-on pas qu’on reconnaît l’arbre à ses fruits?
Nous espérons que notre nouvelle autocratie parentale et aimante portera ses fruits. Car bien que nous croyons à la démocratie, bien que nous soyons contre toutes formes de bâillons, nous constatons que l’heure est à l’action et plus du tout aux discussions vaines. 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai juste une question pour toi... as-tu déménager chez moi sans me le dire???
Isabelle

Michèle a dit…

C'est partout pareil!!! Mais mes grèves ne durent jamais longtemps, pas parce qu'ils prennent de bons plis, parce que je me tanne de voir traîner ou de demander de ramasser...alors je recommence à faire à leur place.

Mais je sais que je dois me dire que les efforts seront récompensés et que je travaille "pour plus tard"...parfois, lorsqu'on est fatigués, on dirait qu'il est plus facile de baisser les bras...et on choisit nos batailles...

Bonne chance!

Unknown a dit…

Je sais que l'été va passer doucement, je pense qu'ils avaient tous un peu besoin d'un wake up call... et moi j'avais besoin de remettre les pendules à l'heure, car sans plaisirs, la vie familiale peut être si pénible!!!